Quantcast
Channel: Le Gravier Cosmique
Viewing all articles
Browse latest Browse all 61

Du dédain des grosses lunes

$
0
0

Quel souci, mon thème et la béotie

Lors d’une balade sur internet, j’ ai trouvé une interrogation à propos de la pratique astrologique, confrontée aux progrès de la science : mais pourquoi les astrologues n’utilisent-ils même pas les grosses lunes des planètes extérieures ?

Uranus et quelques uns de ses satellites
Cette question s’intègre dans le contexte particulier de la « rénovation » de l’astrologie, discipline pour le moins traditionnelle qui s’enorgueillit plutôt de se maintenir depuis des millénaires, en incorporant les changements à dose homéopathique. Elle fait suite à l’affaire Pluton, qui a fait l’objet d’un reclassement astronomique plus judicieux, comme l’un des premiers représentants d’une nouvelle classe d’objets célestes : les planètes naines dont la forme sphérique (caractéristique typiquement planétaire) mais les dimensions modestes (caractéristique généralement attribuées à des « astéroïdes »), ont obligé la création d'une catégorie à part.

Cette nouvelle catégorie dont les objets tournent autour de 900 à 1300 km a attiré l’attention d’astronomes amateurs qui ont fait remarquer qu’il y avait des satellites naturels autour des planètes gazeuses, dont les dimensions étaient similaires, et qui étaient, pour leur part, découverts depuis longtemps.

Sommés de prendre position sur l’intégration (ou non) de nouvelles petites planètes à leur discipline sous peine d’apparaître comme passéistes et déconnectés de toute évolution, certains astrologues évacuent légèrement la question en rappelant que l’astrologie l’a déjà fait dans le passé en insérant Uranus, Neptune et Pluton.
On peut comprendre l’étonnement légitime des non-initiés : et bien, si vous l’avez déjà fait, pourquoi ne pas recommencer ? Et même avant d’ajouter des nouvelles petites planètes, pourquoi des satellites aux dimensions « intéressantes » ne l’ont-ils pas été bien avant, sans attendre des découvertes récentes ?


L’astrologue est embarrassé pour répondre parce qu’il doit le faire dans ses critères que son interlocuteur doit « admettre » sans  pouvoir les contester ou les critiquer. Les astrologues veulent 12 signes seulement (pas 13 qui causent une division du cercle disharmonieuse et franchement malcommode à l'usage). Et la seule évolution pour laquelle ils se sentaient vraiment prêts, c’était de trouver une ou deux grosses planètes après Pluton, ce qui leur aurait permis d’associer ces deux nouvelles venues à des signes qui antérieurement devaient se partager la régence d’une planète. Et c’est tout.

Au lieu de ces deux grosses planètes, on leur soumet une demi-douzaine de petites ! Et autant d’autres candidates potentielles. Flottement... Le compte n'est pas bon, il y en a trop.
Car la structure même de l’astrologie, l’un de ses fondements quasi inaliénable, repose sur la mise en relation symbolique d’une planète et d’un signe du zodiaque. Cette relation planète-signe, permet l’interprétation des maisons astrologiques. Et les maisons sont essentielles pour interpréter l’existentiel. L’existentiel et ses aléas, c’est justement ce qui amène les consultants voir un astrologue.On ne peut pas du tout faire l'économie de ce système ou le rayer d'un trait de plume.
Pour certains, ajouter des planètes en nombre irrégulier et repenser les maîtrises (relation planète-signe) risque d’enrayer l’horlogerie de l’interprétation astrologique en la rendant, à terme inopérante.

Là où une personne qui n’est pas concernée par une pratique (des procédés, des méthodes) qui l’ignore, ou ne la comprend pas, se sent libre de demander à ce qu’on ajoute ou retire des objets (à quel titre d’ailleurs ?), l’astrologue tente de préserver un système qui marche.

Cela pourra paraître paradoxal à beaucoup, qui sur la foi de prévisions ratées diffusées à grand renfort de médias, estimeront railleusement que sur le plan de l’efficacité qu’ils attendent (infaillible, mécanique, des données hyper précises impliquant zéro libre-arbitre et un destin totalement écrit d’avance, sans choix ni décision possible…), cela ne fonctionne pas tellement...

Mais l’astrologue n’est pas dans ces problématiques-là. Avec une humilité qu’on ne lui suppose jamais, il tente de comprendre et de se servir de son mieux d’un outil qui, dois-je le dire, le dépasse toujours un petit peu ou lui échappe en partie... parce qu’il n’est PAS le maître du jeu ! Parce qu’il ne fait pas les règles comme ça l’arrange. Et parce que le destin est de moins en moins écrit à mesure que la conscience des peuples s’éveille, change la donne, et reprogramme des événements à la volée.


Alors qu’en est-il de ce que j’ai appelé le dédain des grandes lunes ?

Les grandes lunes n’ont pour elles que leurs dimensions. Mais pas de chance, ce n'est pas un critère astrologique pour déterminer qu'un astre est important. Autrement, rien ne saurait être aussi "important" que le soleil, et tout le reste ne pourrait être qu'accessoire, tellement il est énorme...
N’ayant jamais été prises en considération par l’astrologie, il n’existe sur les grandes lunes aucune donnée de type interprétatif. En clair, on ne sait pas ce qu’elles veulent dire. Quand à savoir comment les utiliser pratiquement alors qu’elles restent indéfectiblement conjointes à leur planète dans les cartes du ciel, l’astrologue ne le sait pas. Sur le plan pratique, ces gros objets sont limités à leur planète dont ils sont indissociables. A quoi nous servirait d’avoir sur une carte un énorme amas, constitué de Saturne et de sa soixantaine de lunes, tous au même endroit ? Et bien, en l’état actuel de la discipline astrologique et de son fonctionnement...
à rien.

Sur un plan purement théorique, lorsqu’on aime cela, il n’est pas inintéressant de développer une réflexion ou une interrogation sur les satellites et leur planète. Phobos (la crainte) et Deimos (la terreur) sont les lunes de Mars. Un astrologue déplacera sa réflexion vers la symbolique et la psychologie en se demandant en quoi la crainte et la terreur peuvent participer à sa compréhension de l’archétype marsien…
Mais il sera beaucoup plus simple, plus rapide, et plus efficace de considérer juste la planète. Parce que l’astrologie est une pratique avant tout, et pas juste un moyen de philosopher sur des concepts abstraits.

Parce que l’on pense en général que l’astrologie est forcément « du grand n’importe quoi » parce qu’on n'en comprend pas les postulats ou qu’on les remet en question, l'on n’est pas préparé à comprendre qu’elle est en fait plutôt compliquée. Et que tout ce qui tend à ne pas la rendre encore plus compliquée qu’elle ne l’est déjà, est plutôt vu d’un bon œil…

Alors, exit les grosses lunes vides de sens qui sont un peu comme des pièces de puzzle ajoutées à la mauvaise boite...

A titre personnel, je suis très bien placée pour savoir que toute tentative d’ajout fait à l’astrologie donne à beaucoup de praticiens le sentiment qu’on prend le risque de briser sa mécanique, à vouloir trop vouloir courir les lièvres de la modernité (souvent sous provocation de tiers). Mon intérêt pour l’emploi additionnel d’astéroïdes n’a, du reste, jamais prôné une quelconque modification du système de maîtrise (relation planète-signe). Mais déjà, cette liberté que je prends, en supposant que des objets puissent être « intéressants » s’ils ne sont pas reliés à un signe, n’est pas forcément partagée ou comprise, dans la mesure où la liaison exclusive d’un signe à une planète fait quasiment partie de l’ADN de l’astrologie.

Un astéroïde a des choses qu’une grande lune du système solaire extérieur n’a pas : une orbite personnelle autour du Soleil, ce qui lui permet de visiter indépendamment tous les signes et de « dialoguer » (former un angle mathématique préconçu) avec toutes les planètes ou les autres astéroïdes. Un astéroïde peut être positionné sans erreur dans le zodiaque (des tables de positions précises existent à disposition des chercheurs). Ce qu’il n’a pas, ce sont des significations établies de longue date par la tradition.

Alors au bout du compte pourquoi le minuscule astéroïde Rhéa m'intéresse-t-il plus que le satellite Rhéa ? Parce que les astéroïdes peuvent être étudiés ou testés exactement comme des planètes avec la même latitude, alors que les mouvements d’un satellite sont limités.


Si par contre, un jour, nous cessions d’être des terriens pour aller habiter sur Jupiter, Saturne ou Uranus, il serait évident (à nos yeux actuels…) qu’il faudrait utiliser les lunes de la planète de résidence. L’une des règles de l’astrologie occidentale, c’est qu’elle est géocentrique : le point de vue est toujours effectué depuis notre planète et pas depuis le cœur du système solaire.

La révolution copernicienne de l’astrologie n’est pas encore accomplie. Si on change de repère pour se décentrer de la Terre, conceptuellement, il faudrait envisager que cette astrologie-là ne s’occuperait plus « centralement » de l’humanité qui y vit. Mais tout juste apprenons-nous tant bien que mal (et plutôt mal) à raisonner à l’échelle du globe. Et tant d’êtres ont encore à découvrir le fonctionnement de leur propre individualité avant de songer à s’intégrer à des réseaux plus vastes, et toujours moins locaux, sans s’y perdre de vue...

Ganymède et Titan (les plus grands satellites de tout le système solaire, un peu plus petits que Mars), devront attendre que la conquête spatiale soit définitivement mieux enclenchée avant de figurer dans des cartes du ciel, et d'évoquer des réalités différentes de celles qui sont les nôtres ici.

voir également : Panorama des petits objets célestes rangés par taille

Viewing all articles
Browse latest Browse all 61

Trending Articles