De nos jours, la culture étant ce qu'elle est, parler de Midas évoque davantage un univers de voiture, de garage et de pot d'échappement... Mais ce ne fut pas toujours le cas. Il fut un temps où Midas, ancien roi de Phrygie du 7e siècle avant JC, était connu pour être au coeur de deux légendes, l'une expliquant qu'un secret finit toujours par être éventé dès qu'il est "confié", l'autre que l'homme blanc découvrira bien un jour que l'or ne se mange pas...
La Phrygie, avec toutes ses lettres compte double, ce n'est pas le pays où les femmes sont froides, c'est le pays où l'on a la tête près du bonnet ! Qui mieux que les révolutionnaires français pour connaître le bonnet phrygien ? C'est celui qui orne la tête de la "Liberté guidant le peuple" (d'Eugène Delacroix). Tableau qui a longtemps figuré sur nos billets de monnaie locale... Avec son délicieux air de chef de belouga, le bonnet phrygien est large sur les bords.
C'est ce qu'a découvert Midas l'infortuné un jour qu'il était convié à donner son avis sur les oeuvres des dieux. Il faut le savoir, dans la mythologie, départager les dieux, c'est un honneur qui se paie souvent très cher et qui finit mal...
Il est advenu que Midas fut un jour pris à témoin pour départager la musique d'Apollon jouant de la lyre, et celle d'un joueur de flute nommé Marsyas, ou peut-être même était-ce Pan. Les Muses bien sûr ont tapé 1 pour sauver Apollon, mais Midas, a dit qu'il préférait l'autre. Grave erreur. Apollon a fort mal pris la chose et il a affublé Midas d'une paire d'oreilles d'âne, histoire qu'il apprenne à mieux entendre la musique divine.
S'il a caché ses encombrants pavillons sous un bonnet, autant que faire se peut, Midas n'a pu empêcher son coiffeur de découvrir son secret à la faveur d'un rafraichissement. Le serviteur n'en pouvant plus, confia son secret à un trou dans le sable. Mais dans le trou voilà que se sème alors un roseau, qui en poussant, claironne à tous vents : le roi Midas a des oreilles d'âne !
Mais Midas est surtout célèbre pour un autre genre de malédiction. Il était advenu également (on ne sait si c'était avant ou après ses oreilles) qu'il ait offert une secourable hospitalité à Dionysos. Ce dernier lui avait offert de le remercier en exauçant un de ses voeux. Midas se croyant très futé, avait formé le voeu que tout ce qu'il touche se transforme en or.
Passé un petit moment ludique ou Midas a touché ses meubles, et différents objets pour les transformer en or, il déchanta vite quand l'heure du déjeuner est arrivée. En attrapant sa cuisse de poulet, Midas a eu une drôle de surprise. Son raisin, son pain, son fromage de chèvre... tout se transformait en or, et impossible de rien manger... Ni de toucher personne... Le poète Hawthorne dans sa version du mythe décrit Midas touchant son enfant et la transformant en statue d'or.
Ravagé et affamé, Midas retourna voir Dionysos et le supplia de lui retirer son don. Dionysos lui dit d'aller laver ses mains dans le fleuve Pactole, dont le lit de sable s'est changé en or... (Ce fleuve aurifère a permis le développement et la puissance de la Phrygie par le passé, et cette légende vient en donner l'origine poétique).
Midas s'est donné la mort en buvant du sang de taureau (avis aux amateurs de jus de viande...).
On peut signaler que Midas a souvent été utilisé comme allégorie de l'une des oeuvres alchimiques (l'alchimie étant toujours la discipline s'occupant de la transmutation de la matière brute en or).
Astronomie
Midas est un tout petit astéroïde (3 kilomètres et demi) qui a été découvert le 6 mars 1973 par un astronome célèbre chez les astrologues férus de modernité : Charles T. Kowal, à l'observatoire du Mont Palomar. Ce nom vous dit quelque chose ? Peut être parce que 5 ans plus tard, il allait découvrir (entre autres !) un objet qui a su se faire une place au soleil : Chiron.
Midas est un astéroïde de classe "Apollo" qui coupe l'orbite de Mars et celle de Vénus. En tant qu'apollo, Midas est un rapide : il fait le tour du Zodiaque en un peu plus de deux ans !
Il est fortement incliné sur l'écliptique : 39° ! (voir ci-dessous)
Signification ?
Midas a effectivement "touché le Pactole", mais il est surtout connu pour illustrer que l'or ne fait pas forcément le bonheur, ou alors très peu au début. C'est davantage une illustration antique du manque de présence d'esprit et de recul qu'il y a chez les humains à formuler des voeux.
Songeons au pauvre Pélée qui a demandé l'immortalité pour être à égalité avec sa divine épouse mais en oubliant la jeunesse. Pélée immortel vieillit, vieillit, et n'en finit plus de vieillir pour l'éternité...
Les mêmes histoires existent à propos de tous les "génies" de la lampe qui accordent trois voeux, le dernier servant en général à annuler tous les malheurs causés par les deux premiers...
Il existe une certaine facilité à se demander si "ceux qui transforment en or tout ce qu'ils touchent" est vraiment une bonne métaphore pour ceux qui réussissent avec succès dans tout ce qu'ils entreprennent... C'est ce qu'on veut dire en général par là. Et l'image est beaucoup plus positive que la mise en garde antique.
Sur le forum d'Insignis, Midas a été associé à une sorte de "libération", probablement le mot pour essayer de désigner cette espèce de gloire subite et éphémère qui nous saisit lorsque l'on croit qu'on a "tout gagné" ou qu'une chance inespérée se présente... Midas ne croyait-il pas avoir été libéré de tous ses créanciers d'un coup ?
Peut-être serait il également intéressant de l'observer dans une thématique de "révélation de secret" ou de "secret de polichinelle" (qui lui aussi a un drôle de chapeau), et qui fait référence à l'épisode des oreilles d'âne et du roseau bavard.
>> Ephémérides de Midas
A lire également :
Sylvie Tribut : L'or symbole du Lion
La Phrygie, avec toutes ses lettres compte double, ce n'est pas le pays où les femmes sont froides, c'est le pays où l'on a la tête près du bonnet ! Qui mieux que les révolutionnaires français pour connaître le bonnet phrygien ? C'est celui qui orne la tête de la "Liberté guidant le peuple" (d'Eugène Delacroix). Tableau qui a longtemps figuré sur nos billets de monnaie locale... Avec son délicieux air de chef de belouga, le bonnet phrygien est large sur les bords.
C'est ce qu'a découvert Midas l'infortuné un jour qu'il était convié à donner son avis sur les oeuvres des dieux. Il faut le savoir, dans la mythologie, départager les dieux, c'est un honneur qui se paie souvent très cher et qui finit mal...
Il est advenu que Midas fut un jour pris à témoin pour départager la musique d'Apollon jouant de la lyre, et celle d'un joueur de flute nommé Marsyas, ou peut-être même était-ce Pan. Les Muses bien sûr ont tapé 1 pour sauver Apollon, mais Midas, a dit qu'il préférait l'autre. Grave erreur. Apollon a fort mal pris la chose et il a affublé Midas d'une paire d'oreilles d'âne, histoire qu'il apprenne à mieux entendre la musique divine.
S'il a caché ses encombrants pavillons sous un bonnet, autant que faire se peut, Midas n'a pu empêcher son coiffeur de découvrir son secret à la faveur d'un rafraichissement. Le serviteur n'en pouvant plus, confia son secret à un trou dans le sable. Mais dans le trou voilà que se sème alors un roseau, qui en poussant, claironne à tous vents : le roi Midas a des oreilles d'âne !
Mais Midas est surtout célèbre pour un autre genre de malédiction. Il était advenu également (on ne sait si c'était avant ou après ses oreilles) qu'il ait offert une secourable hospitalité à Dionysos. Ce dernier lui avait offert de le remercier en exauçant un de ses voeux. Midas se croyant très futé, avait formé le voeu que tout ce qu'il touche se transforme en or.
Passé un petit moment ludique ou Midas a touché ses meubles, et différents objets pour les transformer en or, il déchanta vite quand l'heure du déjeuner est arrivée. En attrapant sa cuisse de poulet, Midas a eu une drôle de surprise. Son raisin, son pain, son fromage de chèvre... tout se transformait en or, et impossible de rien manger... Ni de toucher personne... Le poète Hawthorne dans sa version du mythe décrit Midas touchant son enfant et la transformant en statue d'or.
Ravagé et affamé, Midas retourna voir Dionysos et le supplia de lui retirer son don. Dionysos lui dit d'aller laver ses mains dans le fleuve Pactole, dont le lit de sable s'est changé en or... (Ce fleuve aurifère a permis le développement et la puissance de la Phrygie par le passé, et cette légende vient en donner l'origine poétique).
Midas s'est donné la mort en buvant du sang de taureau (avis aux amateurs de jus de viande...).
On peut signaler que Midas a souvent été utilisé comme allégorie de l'une des oeuvres alchimiques (l'alchimie étant toujours la discipline s'occupant de la transmutation de la matière brute en or).
Astronomie
Midas est un tout petit astéroïde (3 kilomètres et demi) qui a été découvert le 6 mars 1973 par un astronome célèbre chez les astrologues férus de modernité : Charles T. Kowal, à l'observatoire du Mont Palomar. Ce nom vous dit quelque chose ? Peut être parce que 5 ans plus tard, il allait découvrir (entre autres !) un objet qui a su se faire une place au soleil : Chiron.
Midas est un astéroïde de classe "Apollo" qui coupe l'orbite de Mars et celle de Vénus. En tant qu'apollo, Midas est un rapide : il fait le tour du Zodiaque en un peu plus de deux ans !
Il est fortement incliné sur l'écliptique : 39° ! (voir ci-dessous)
Signification ?
Midas a effectivement "touché le Pactole", mais il est surtout connu pour illustrer que l'or ne fait pas forcément le bonheur, ou alors très peu au début. C'est davantage une illustration antique du manque de présence d'esprit et de recul qu'il y a chez les humains à formuler des voeux.
Songeons au pauvre Pélée qui a demandé l'immortalité pour être à égalité avec sa divine épouse mais en oubliant la jeunesse. Pélée immortel vieillit, vieillit, et n'en finit plus de vieillir pour l'éternité...
Les mêmes histoires existent à propos de tous les "génies" de la lampe qui accordent trois voeux, le dernier servant en général à annuler tous les malheurs causés par les deux premiers...
Il existe une certaine facilité à se demander si "ceux qui transforment en or tout ce qu'ils touchent" est vraiment une bonne métaphore pour ceux qui réussissent avec succès dans tout ce qu'ils entreprennent... C'est ce qu'on veut dire en général par là. Et l'image est beaucoup plus positive que la mise en garde antique.
Sur le forum d'Insignis, Midas a été associé à une sorte de "libération", probablement le mot pour essayer de désigner cette espèce de gloire subite et éphémère qui nous saisit lorsque l'on croit qu'on a "tout gagné" ou qu'une chance inespérée se présente... Midas ne croyait-il pas avoir été libéré de tous ses créanciers d'un coup ?
Peut-être serait il également intéressant de l'observer dans une thématique de "révélation de secret" ou de "secret de polichinelle" (qui lui aussi a un drôle de chapeau), et qui fait référence à l'épisode des oreilles d'âne et du roseau bavard.
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